[full article and abstract in French; abstract in English and Lithuan
Pas pleurer de Lydie Salvayre (2014) s’inscrit dans un des sous-genre les plus proli- fiques de la littérature française contemporaine, le récit de filiation, qui se présente comme une en- quête sur un ascendant (Viart 2005 et 2009). Par le biais des souvenirs de la guerre d’Espagne que lui raconte sa mère âgée de quatre-vingt dix ans et la lecture simultanée des Grands cimetières sous la lune de Georges Bernanos (1938), Lydie Salvayre qui intervient dans le livre à la première personne, propose une réflexion complexe sur un pan de l’histoire européenne : la Révolution liber- taire espagnole de l’été 1936. Cette dernière est restituée à travers les souvenirs fragmentaires d’un témoin oublieux : la mère, et par le dialogue instauré entre cette dernière et sa fille écrivain. Aux cô- tés de l’histoire du frère assassiné, l’intertexte bernanosien contrebalance, par le témoignage des atrocités perpétrées par les Franquistes sur l’île de Majorque, la mémoire éblouie et sélective d’une femme qui a tout oublié des années qui ont suivi 1936. Nous montrerons que ce roman, manifes- tant une résistance concertée à la nostalgie, propose une réflexion sur le caractère émancipateur de la Révolution libertaire espagnole, et que le traitement littéraire de celle-ci autorise un parallèle avec Mai 1968. Ce roman a une autre portée mémorielle, celui d’inscrire l’histoire espagnole dans la mémoire nationale des Français.
Summary
Pas Pleurer by Lydie Salvayre (Ed. Seuil, 2014) belongs to one of the most prolific sub-genres of contemporary French literature, the narrative of filiation, which presents itself as an inquiry into an ascendant. These are remembrances of a woman who lived a horrifying event – in the sense of the French historian Pierre nora – an event that opens an unprecedented and radically new breach in present day thoughts. Through the memories of the Spanish war told to her by her ninety-year-old mother and the simultaneous reading of A Diary of My Times (Les Grands Cimetières Sous La Lune) by novelist Georg- es Bernanos (1938), Lydie Salvayre offers a com- plex reflection on one aspect of European history: the Spanish libertarian Revolution of the summer of
1936. The latter is recounted through the fragmen- tary memories of a forgetful witness: the mother, and by the dialogue established between her and her daughter-writer. Alongside the story of the murdered brother, the Bernanosian inter-text counterbalances, throughout the testimony of the atrocities perpetrat- ed by the Franquists on the island of Majorca, the dazzled and selective memory of a woman who had forgotten all the years that followed 1936. We show that this novel, which inscribes the memory of Span- ish history into the national memory of the French, proposes the praise of an emancipatory moment, by which the author seems to take indirect position in the re-evaluation of which the years 1968 are cur- rently the object