A partir de l’approche anthropo-sémiotique (les travaux de Morin et de Greimas), nous nous interrogeons sur les possibilités de l’analyse de la mort dans la littérature : comment écrit-on dans la perspective de la mort et comment y comprend-on l’écriture même ? Les réflexions théoriques sont accompagnées par l’analyse pratique qui vise de montrer, à travers trois générations d’écrivains (Jonas Biliunas, Juozas Aputis, Sigitas Parulskis), comment l’autoréflexivité de l’écriture littéraire se développait dans la littérature lithuanienne et comment elle est liée à la conscience de la mort. L’analyse a montré que le rapport de l’individu à la mort, autant existentiel que discursif, est directement déterminé par son rapport à la collectivité. Et l’autoréflexivité littéraire dépend également du rapport de l’écrivain avec sa communauté. Cela a permis de mettre en doute une thèse établie dans la sémiotique de Greimas que l’univers sémantique individuel est généré par la catégorie /vie vs mort/. De plus, dans cette recherche, nous nous refusons de considéré l’opposition vie/mort comme purement logique et la réduire ainsi à l’opposition être/non-être, ce qu’on fait en sémiotique, anthropologie et philosophie classique. En suivant Heidegger, nous la considérons comme une catégorie existentielle et ainsi étroitement liée à l’expérience du temps. L’analyse de la conscience individuelle (et non pas uniquement universelle) de la mort et de sa production du discours a montré que le temps – la mémoire et sa mise en parole – n’est pas un élément superficiel, il constitue la poétique du discours narratif.